Dulcia, il y a bien longtemps…Petit garçon qui court, ses cheveux blonds flottant dans le vent, vers les bras de sa maman. Elle le rattrape et le soulève, le fait tourner dans les airs. Le père de famille observe, souriant, aux anges. Il indique à son fils le ciel, l’enfant le regarde, émerveillé. Un arc en ciel danse entre les nuages en cotons.
« Tu sais comment se forment les arc-en-ciel ? »
Le garçonnet secoue la tête.
« Il suffit de laisser passer la lumière à travers la pluie, et tu verras tout se colorer ! »
Il suffit d’allumer une lumière pour battre la triste pluie. C’est ce que tu avais dit cher père. Alors pourquoi ne m’as-tu point éclairé ?
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Rares sont les souvenirs de mon enfance restant encore dans ma mémoire. Inutiles, je les ai peu à peu oubliés, ne retenant que le plus important, mon identité. Fils de professeur, la science était toujours présente à la maison, découvrant milles et unes choses grâce à elle. Mes premières découvertes... Toutes sont restées gravées en ma mémoire, triées et rangées tel un livre de science. Avec le temps, il s’avéra plus utile de mettre ce savoir sur papier, pour ne rien en perdre. Mais trop vite, avec l’école, les grandes écoles, les livres et carnets s’accumulèrent. Ils n’étaient que des rappels, mais je ne m’en séparais jamais. Très vite, ma chambre était livre, mon lit était livre, j’étais livre. Un livre emmagasinant tout ce qui était bon à savoir.
D’élève, j’étais devenu professeur, surpassant mon père. Mais les connaissances de Dulcia me paraissaient bien trop limitées. Un tour de Candyland s’avéra alors fort utile. Années après années, j’apprenais, et très vite, la science seule ne me suffisait plus. La magie entra alors en vigueur, sciences occultes et alchimie. Et pourtant, ma soif de connaissance ne se tarissait pas. Sans me rendre compte, je changeais, je vieillissais, le temps me rattrapait. Les produits chimiques m’avaient brulés les yeux, mes cheveux possédaient dorénavant une couleur blanche de neige, j’étais ridés. Et seulement là, je m’estimais au bout des connaissances possibles à apprendre. Et tout cela pourquoi ? Pour mourir.
Le temps m’avait joué un bien mauvais tour. Ma famille était morte, sans même que je ne m’en préoccupe, j’étais seul, avec mes livres. Je savais tout, la belle affaire ! Il y avait bien une chose que je ne connaissais point : la vie ! Vivre, aimer, procréer, être heureux… Mon père m’avait bien dit de sortir au lieu de lire, mais jamais je ne l’avais écouté, et il n’était plus là maintenant.
Je ne voulais pas finir comme ça. Et c’est donc sans aucun doute que j’ai sorti mes notes sur les sciences occultes. J’allai vivre, peu importait le prix.